Le lin de A à Z

Pays de Caux, Pays du Lin !

La qualité de la terre, le climat doux et humide, associés au savoir-faire des agriculteurs font du Pays de Caux la première région productrice de lin fibre d’Europe.

Le lin en Normandie

Le lin est cultivé depuis plusieurs siècles à travers le monde. Réintroduit dans la région au XXe siècle par des agriculteurs des Flandres, le lin normand est surtout cultivé en Seine-Maritime, dans l’Eure et dans le Calvados. La Normandie représente 63 % de la production française de lin textile.La culture du lin dépend fortement du milieu…Afin d’éviter la fatigue du sol, il convient de respecter un intervalle d’au moins sept ans entre deux récoltes de lin dans la même terre. Pour palier à cette contrainte, l’agriculteur établira ce qu’on appelle une rotation de culture, c’est-à-dire qu’il alternera la culture du lin avec celle de la betterave, de la pomme de terre, du blé, du colza ou du pois. Le lin a besoin d’une terre riche et profonde et d’un climat tempéré et humide. Pour ces raisons et du fait de sa grande qualité (longueur, finesse, résistance, couleur…) le lin Normand a acquis une réputation mondiale.

Le lin, tant au niveau de sa culture que de sa transformation, a fait un effort considérable en faveur du respect de l’environnement. Selon les bilans écologiques, le lin apparaît en moyenne jusqu’à 50 fois plus respectueux de l’environnement que les autres fibres.  C’est peut-être ce qui lui vaut aujourd’hui cet engouement.

Région de tradition textile, la Seine Maritime ne possédait, avant la pandémie de Covid-19 plus aucune filature ou tissage de lin… Seul le teillage s’opérait encore en Normandie, pour être ensuite exporté vers l’Italie, l’Europe du Nord et l’Asie. La France ne comptait plus aucune usine pour filer son lin depuis les fermetures successives des 50 filatures présentes en 1976. C’était sans compter sur l’énergie et la volonté de quelques passionnés, dont les propriétaires du Tissage de Roncheray à Luneray qui viennent tout juste de remettre en route leur usine.

Historique

Le lin semble être le plus vieux textile du monde. Son origine remonterait à la période néolithique. Il y a près de 8000 ans qu’on a découvert le lin tissé. On l’utilisait à l’époque principalement pour la confection des vêtements mais également pour la momification en Egypte notamment.

En France, c’est Charlemagne qui, le premier, donna une impulsion à cet artisanat. Jusqu’au XVIIIème siècle les techniques de cultures, de filage et de tissage du lin ont peu évoluées mais son développement est considérable.

Au début du XIXème siècle, deux grandes inventions vont révolutionner le marché linier :
– Marie – Joseph Jacquard invite la mécanique qui porte son nom,
– Philippe De Girard dépose un brevet concernant la filature du lin et invente la première machine à lin en 1817.

La production

Le lin est une plante annuelle, dont la tige peut atteindre jusqu’à un mètre de haut. On le reconnaît à sa fleur tantôt bleuté, tantôt blanche, qui re-colorie nos plateaux crayeux dés la mi-juin.

Sa croissance est rapide mais la vie de sa fleur n’est que de quelques heures. Il faudra être bien matinal pour admirer les éphémères champs bleus…

La culture du lin

  • Semis en Mars / Avril
  • Levée en Mai
  • Arrachage en Juin
  • Rouissage en Juillet – Août

Pour conserver la longueur de sa tige, le lin doit être arraché trois semaines environ après la floraison.
Afin que le rouissage (rouissage= sorte de pourrissement de la tige) puisse s’opérer, on laisse ces bottes à plat sur le sol. Cette opération peut durer 3 à 8 semaines selon les prévisions météorologiques. Pour cela, il faut la pluie.

Le ramassage ne s’effectue qu’ensuite, vers le mois de septembre. Intervient alors le teillage, pratiqué en usine. Cette opération fondamentale va permettre de séparer la fibre textile, élément noble, d’une foule de sous-produits parfois étonnants. En deux mots, le teillage permet d’extraire la fibre de l’écorce et du bois. Le produit noble qui en ressort est le lin teillé.

 Le lin pousse à une densité de 1800 plantes au m2 dans le but d’obtenir une fibre la plus fine possible.
Contrairement à beaucoup d’autres cultures, le lin ne consomme que très peu de pesticides et en rejette des quantités infimes. En effet, le lin absorbe et transforme pour sa croissance la quasi-totalité des produits consommés.

Aussi bien au niveau du sol que de la fibre, les traitements phytosanitaires du lin ne sont guère polluants. Ajoutons à cela, que la plante de lin est de moins en moins traitée.

Les sous-produits qui en découlent sont les étoupes, les anas et les graines.

L’étoupe sert à l’élaboration de tissus plus grossiers. Avec les étoupes, fibres courtes, on peut faire des torchons, des sacs postaux et même…. du papier à cigarettes.

La paille broyée appelée anas, est utilisée dans la fabrication des panneaux agglomérés, des portes, des cloisons, des toitures… L’huile de lin s’utilise en cosmétologie (huile de massage). Tandis que les artistes s’en servent pour nettoyer leurs pinceaux.

Enfin ce qui reste de la graine, servira d’aliment pour le bétail. La graine existe également sous forme culinaire et sert dans ce cas bien précis à l’élaboration de savoureux pains, pâtés ou autres spécialités que vous aurez tout loisir de déguster chez les artisans du Plateau de Caux.

Les différentes utilisations du lin

Le vêtement

Dans ce secteur, le lin joue un rôle déterminant depuis l’évolution du vêtement vers un nouveau style basé sur le bien-être et la détente. Aéré, confortable, le lin laisse la peau respirer librement. Absorbant, il élimine la transpiration. Il devient de plus en plus doux avec l’usage. Textile très sain, il ne provoque pas d’allergie.

Le linge de maison

Les qualités naturelles du lin en font la seule fibre vraiment adaptée au linge de maison et permettent aux draps, nappes, torchons, serviettes de toilettes, mouchoirs de remplir parfaitement leur fonction. En effet, le lin est absorbant, aéré, solide. Il ne peluche pas.

Les usages techniques

Le lin est encore présent dans les usages dits techniques : sac, bâche, ski ou skateboard, bouteilles, casques, et même dans les lunettes ! Bien sûr, dans ces usages, c’est pour sa grande solidité et sa rigidité que le lin est très apprécié.
Le lin est également utilisé lors de la fabrication des tuyaux d’incendie. En effet, le lin, fibre résistante et imperméable, permet aux tuyaux d’incendie d’offrir toute la sécurité que l’on est en droit d’attendre.

En Pays de Caux, une entreprise créée en 1995, Techni-lin, utilise les fibres de lin pour produire des non-tissés aiguilletés. L’industrie automobile utilise ce matériau composite pour fabriquer les panneaux de portes, les planches de bord, les pavillons et les tablettes arrières.

Les tissus d’ameublement

Les tissus en lin sont présents dans les secteurs classiques : rideaux, voilages, revêtement mural. Les qualités intrinsèques de la fibre de lin ne se détendent pas quel que soit le degré d’humidité ou de température régnant dans la pièce à habiller, les couleurs ne passent pas.
Solide, il résiste aux chocs et aux éraflures. Naturel il n’attire pas la poussière et s’entretient donc facilement.

Les qualités du lin

Agréable à porter, frais et confortable, le lin se veut également anallergique et anti-stress. Le lin favoriserait le sommeil, la détente et le bien-être. La fibre de lin est très résistante, elle dure longtemps sans se déformer et ne peluche pas.

Le lin s’avère être la fibre naturelle qui prend le mieux la teinture. Cette fibre est anallergique et est connue également pour son pouvoir isolant.

Le lin vit au rythme des saisons : il assure fraîcheur en été et confort en hiver. Il est symbole d’élégance et de raffinement ; et sa culture n’altère pas la nature puisqu’il est écologique.

Le lin dans tous ses états

 Au coeur d’une importante région productrice, Doudeville se veut la Capitale du Lin depuis le temps où les producteurs de lin y tenaient leurs assemblées générales.

De nombreux commerçants et artisans de Doudeville et des environs ont su remettre le lin au goût du jour et proposent aujourd’hui de nombreuses spécialités culinaires pour les fins gourmets, mais également un vaste choix de créations artisanales (objets de décoration, linge de maison…) et artistiques (peintures).

Les passionnés de mode y trouveront leur compte également puisque le lin se décline maintenant en divers coloris.

Pour aller plus loin…

Doudeville capitale du lin dans échappées belles sur France 3 lors de la fête du lin 2019

L’Ecomusée du Lin : La Ferme au Fil des Saisons

Le lin de A à Z par Libeco